Chronique

[Chronique] Traduction vers le rose, Esmée Dubois

Traduction vers le rose est un récit court, une novella envoûtante pleine de poésie publiée très récemment aux éditions 1115.

Esmée Dubois conte ici les événements du pays de Sable, un royaume étrange où les sons, les discours, les conversations sont stockés dans les plantes, qui sont la mémoire et l’histoire de la monarchie de Sable. Et où le charbon blanc fait geler les mots. Markowefe, sœur de lait de Reine, est la pépinieriste en charge de ces plantes. Mais elle s’occupe également de Begga, fille de Reine. Begga est une Insensible, la première, qui ne ressent pas la chaleur, la douleur, la caresse, ni le froid.

Le froid, justement, est au cœur de l’intrigue, car 40 ans après le ravage de la pépinière par un cyclone qui a causé la perte de nombreux enregistrements stockés dans les plantes, un froid mordant et de curieuses bêtes s’étendent sur Sable. Marko découvre par hasard que Begga, dont l’insensibilité effrayait, a en réalité la capacité particulière de traduire le froid, par un rituel fait de froid, de mousse et de papier peint rose. Elle seule peut récupérer le froid, le presser en une encre, et l’écrire sur un papier rose qui brûlera aux mains de Marko. Ensuite, plusieurs duos succèdent à Begga et Marko, des duos de traductrices et conductives, qui traduisent et font reculer le froid, ce qui n’est pas sans sacrifice pour l’ équilibre mental de la traductrice. Il est donc crucial de découvrir d’autres Insensibles, pour le bien de Sable, qui organise ce qui s’apparente presque à une chasse aux sorcières, où voisins et proches sont près à vous dénoncer pour une récompense . La découverte de Marko scelle ainsi le destin de nombreuses vies, mises à profit pour lutter contre le froid, sans même chercher à comprendre d’où il peut provenir.

C’est aussi un récit froid, cruel, qui relate la vie de femmes recluses, prisonnières, forcées d’écrire sur le papier rose pour faire reculer le froid. Le texte prend le point de vue de plusieurs personnages, avec beaucoup d’émotions.

Le texte interroge aussi sur les changements climatiques et la responsabilité du peuple aussi bien dans son origine, que dans la manière de gérer la catastrophe.

Dès les premières pages, la plume est douce, poétique et infiniment intriguante. Esmée Dubois fait une magnifique entrée en imaginaire, j’espère sincerement qu’elle nous offrir très vite d’autres textes comme celui ci.

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