Chronique

Le bracelet de Jade, Mu Ming [Chronique]

Le bracelet de Jade constitue le tout premier texte de la collection RéciFs, les récits courts au format poche publiés aux éditions Argyll. Cette collection met en avant des récits originaux, écrits par des auteurices, et illustrés magnifiquement par Anouck Faure.

J’ai en réalité déjà posté un avis sur la 2e novella de la collection, et plusieurs autres sont en attente de publication, il est donc temps de me rattraper et de parler du premier, qui donne le ton de cette merveilleuse collection.

La novella a été écrite par Mu Ming, autrice sinoamericaine. J’adore les textes aux inspirations et ambiances asiatiques, c’est donc avec bonheur que j’ai découvert le résumé de cette première publication qui nous emmène en Chine du 17e siècle, à la transition entre la dynastie Ming et Qing. Ceci est expliqué par un avant propos qui cadre le contexte historique et culturel de la novella, inspirée par plusieurs œuvres de la littérature chinoise. La novella est décrite comme un hommage aux récits chinois sur les jardins, souvent vus comme des espaces d’appréhension et de compréhension de l’univers.

J’ai été charmée dès les premières lignes. La plume nous dépose avec douceur au sein des jardins chinois et au cœur de la culture chinoise. Le récit est très poétique.

On suit la jeune Chen qui va à la foire des lanternes sur le mont du dragon avec son père et se voit offrir un étrange bracelet, le bracelet de jade. Un ouvrage de maître, à la forme singulière, sans fin. Lorsqu’elle s’endort avec le bracelet en main, elle est projetée dans le jardin dépeint sur le bracelet, qui lui semble tout à fait réel. Son père, Qi Youwen, est magistrat à la cour impériale, un fonctionnaire de haut niveau, qui essaie de ne pas laisser les plus démunis sombrer dans la misère, mais qui voit le peuple vivre de plus en plus difficilement, touchés par les nombreux bouleversements politiques. Son père s’attelle aussi à une tâche qui le passionne: celle de créer un jardin, le jardin qui représenterait parfaitement le monde.

La novella fait le récit des deux personnages, les voit évoluer à mesure que le monde politique change et que le jardin de Qi Youwen évolue. On y retrouve le récit des injustices sociales, de la détresse des habitants, de la chute d’un empire et de la difficulté de Qi Youwen à se faire entendre par les puissants. Qi youwen s’inspire du bracelet de Jade pour créer son jardin, espérant y insuffler l’équilibre qu’il ne retrouve pas dans la politique de son pays.

“avant que ce jardin ne soit ce qu’il est devenu aujourd’hui, ce n’était rien d’autre qu’un bout de terre désolée… j’ai bcp réfléchi, j’ai travaillé dur, mais je ne peux garantir qu’il restera tel qu’il est dans les temps à venir”

Je ne suis pas sûre d’avoir saisi tous les détails ni toutes les références culturelles du texte, mais j’ai passé un moment très doux. Le texte a une ambiance, une atmosphère vraiment singulière difficile à décrire dans une chronique. Je ne peux que vous encourager à le lire pour vous en faire une idée. Yuyine en a dit dans sa chronique que le récit suspend le temps, et je suis d’accord. A la lecture je me suis sentie dans une petite bulle, hors du monde, hors du temps, à dévorer cette ambiance poétique à la fois étrange et fascinante. Je n’ai pas tout compris, certes, mais j’ai aimé la balade.

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1 réflexion au sujet de “Le bracelet de Jade, Mu Ming [Chronique]”

  1. J’ai eu un ressenti similaire : je n’ai pas forcément tout saisi mais ça n’empêche pas le texte de réussir à créer un vrai quelque chose qui dépasse le simple stade de la compréhension.

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