Chronique

[Chronique] Into the deep, Sophie Griselle

Into the deep de Sophie Griselle est un roman publié chez Snag que j’ai lu l’an dernier dans le cadre du challenge SFFF. J’ai mis beaucoup de temps à en finaliser la chronique, car c’était plutôt une déception à la lecture, malgré quelques points forts qui auraient pu en faire un très bon roman. Au final, pour moi, ça n’a clairement pas fonctionné, et c’est frustrant, car il y a quand même dans ce texte des choses que j’ai beaucoup apprécié, mais trop de points qui m’ont déplu et ont failli me faire arrêter ma lecture. 

Par le biais de cette chronique, je voudrais donc vous faire partager mon avis, à la fois sur ce qui n’a pas marché, mais aussi sur ce qui m’a plu et que j’aurais souhaité voir mis en avant. 

Into the deep emmène le lecteur à la découverte des fonds marins, des abysses au-dessus de la fosse des Marianne. Cet endroit fascine, car il est proche de l’île de Blackney, une île où tous les habitants ont mystérieusement disparus. 

Le roman met en scène Sam, jeune homme océanologue qui découvre un nouvel organisme marin aux allures de sirène lors d’une expédition au-dessus de la fosse des Mariannes. Depuis qu’il l’a aperçue, il n’a pour seule obsession que celle de la capturer et de l’étudier. Cette histoire m’a semblé très prometteuse, j’adore cet univers marin qui, même si tout se passe sur terre, permet d’imaginer des découvertes incroyables. 

Sam est accompagné par Ophélie, avec qui il entretient une relation amoureuse, et par son père, Henri, chercheur insupportable mais qui a reçu une belle distinction pour son travail: le prix Nobel. 

Commençons par ce qui m’a posé le plus gros problème : les personnages et la manière de parler de la recherche. Alors oui, c’est un sujet qui me tient à cœur, parce que dans la vraie vie c’est mon travail, donc j’y ai peut être attaché un peu trop d’importance. Mais il y a trop d’aspects qui m’ont gênée pour que ça ne gâche pas ma lecture. Pourtant l’autrice a elle-même une thèse de recherche en archéologie, donc j’avais assez confiance avant ma lecture. 

Malheureusement c’est à mon sens plutôt maladroit, sur un point tout particulièrement : Pourquoi utiliser des personnages à ce point caricaturaux?  Le chercheur fou furieux prêt à tout (genre tuer tous les types du sous marins) pour une découverte, qui n’a aucune éthique, aucun respect des lois, aucune sensibilité au bien être des espèces animales. Non merci, je passe mon tour. Tous les personnages sont trop extrêmes et manquent de réalisme (meme si des chercheurs insupportables qui se croient intouchables parce qu’ils ont réussi dans leur carrière malheureusement on en a quelques uns…) et d’humanité. Et finalement, j’ai surtout du mal à voir à quoi ces aspects servent dans le roman, qui pourrait être tout aussi passionnant avec des personnages plus simples, loin des caricatures. Je ne trouve pas que cela apporte grand chose à l’intrigue, et c’est dommage. J’ai trouvé Sam et Ophélie assez ennuyeux également, ils sont agaçants, Ophélie passive et Sam égoïste, et les passages sur leurs relations cassent le rythme de l’intrigue.

La question de l’éthique et de la manière de gérer ce premier contact avec une espèce intelligente et sensible me semble hyper importante, mais j’aurais aimé qu’elle soit traitée de manière moins maladroite et avec plus de finesse. 

Ensuite, je trouve l’écriture assez inégale. J’ai été agacée par quelques répliques trop naïves qui m’ont fait lever les yeux au ciel. Pourtant, et c’est là que j’étais très frustrée à ma lecture, certains passages sont magnifiques, vraiment, et c’est dommage de ne pas avoir su les développer et les mettre plus en avant. Je pense notamment aux passages sur la fosse et les abysses. Ces moments sont réussis, immersifs, prenants.  On a envie d’y aller, d’y plonger. L’attraction des abysses, on la ressent. 

Vu le pitch, j’aurais préféré que l’intrigue soit ciblée encore davantage sur cette fosse et les abysses, sur tout ce qu’elle pourrait cacher. Le chercheur dingo prêt à tuer tout le monde pour sa découverte ça passe 5 minutes mais on s’en lasse vite. Alors qu’il y a dans ce roman un potentiel de sens of wonder énorme qui n’est malheureusement pas exploité. Le roman aurait pu se paraître d’une ambiance mystérieuse, poétique, être un roman de premier contact avec une espèce nouvelle qui met en avant les difficultés du langage, de compréhension, la critique du sentiment de supériorité de l’espèce humaine vis à vis des autres espèces. On aurait pu y être, avec un peu plus de finesse et de raffinement.

En conclusion, c’est dommage car il y a des thèmes très intéressants dans ce roman, et une plume qui a je pense des qualités et de l’avenir, mais le tout est perdu dans des personnages caricaturaux sans que ça apporte grand chose à l’intrigue. Je reste curieuse de ce que peut nous réserver les prochains textes de l’autrice, car j’ai suffisamment été charmée par ces quelques passages sur les abysses pour espérer que la magie opère à l’occasion d’un autre roman.

Autres avis : Zoe prend la plume –  Lena au puits des motsCarolivre

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