Chronique

[Chronique] Cristalhambra, Richard Canal

Cristalhambra, de Richard Canal, est un roman publié cette année aux éditions Mnémos, que j’ai lu avec plaisir. J’étais très emballée par la 4e de couverture, qui promettait du space opéra un peu particulier puisque l’éditeur en parle comme d’un hommage à la culture zen. De quoi titiller ma curiosité donc. 

Cristalhambra, qu’est ce que ce nom étrange ? C’est l’une des villes vertiges, une ville organique qui se déplace sur le permafrost sur la planète Niverniss. Mais les villes vertiges se meurent, la glace s’installe, et les tribus qui les habitaient se battent pour survivre. 

Inti, jeune garçon de l’une des tribus, vit sur ce monde. Sauvé du froid par des Shamans, son destin semble lié à celui de Cristalhambra. Un jour, il entre en possession d’un objet précieux, une relique longuement recherchée, qui constitue la dernière preuve d’un secret bien gardé par une sorte de secte, le renouveau charismatique. Cette dernière fait tout pour détruire la fameuse relique et semble tisser des fils dans la politique de cet univers.

Les peuples de Niverniss ont tenté il y a déjà des années de faire entendre leur appel au secours à la fédération des 8 quadrants. Cette dernière est une force politique représentée par 8 représentants, correspondants en gros aux grandes nations de la terre qui ont essaimées vers l’espace. 

Parmi ces représentants, Toshigawa père, homme âgé de plus de 200 ans qui fait tout pour rester en vie et combattre la vieillesse à coup de nanobots, a participé à l’expansion du pouvoir Japonais. Le vieil homme est fasciné par le Japon historique, celui de la terre, des cerisiers en fleurs, dans lequel il se plonge par le biais du digital world, un espace digital géré par des IA. Le quadrant des Toshigawa tient sa puissance dans le monde politique par sa découverte des trous de verre, merveilleux moyens de transport interstellaires. 

Toshigawa et Inti sont deux des personnages que l’on suit dans ce roman, où chaque chapitre propose de suivre le point de vue de l’un des personnages principaux. Cela rend l’intrigue très rythmée. En parallèle, on suit également Zared Koimene avec qui l’on s’infiltre dans la politique des quadrants. Il assiste la chancelière Farida Dontzen, qui se rendra d’ailleurs sur la planète Niverniss. Farida Dontzen se bat pour une cause qui lui est chère: que l’humanité cesse sa politique expansionniste dans les étoiles et arrête de chercher coûte que coûte à étendre son territoire et son pouvoir. 

J’ai beaucoup aimé la lecture de ce roman et les questionnements sous-jacents qui s’y dévoilent. La question de la mort et de la recherche de l’immortalité sont largement abordés, que ce soit à l’aide de traitements, nanobots, renouveau spirituel ou par le biais du monde digital. L’intrigue n’est peut être pas incroyablement originale, mais elle est rendue très agréable par la plume de l’auteur, les fils de ces 3 personnages qui s’entrelacent et un rythme qui fait qu’on ne s’ennuie pas. Même si ce n’est pas à 100% au coeur du récit (bien que le digital et l’IA soient omniprésents dans le texte, où chacun peut même se faire remplacer par une doublure impossible à distinguer de l’original), la question des IA apparaît aussi parfois, et vu toutes les questions éthiques actuelles sur leur utilisation dans le monde de la création, j’ai été sensible à certains passages, comme celui ci (je ne sais pas du tout quel est le point de vue de l’auteur sur des questions d’IA et création artistique, je partage juste un passage qui m’a plu) :

« Comme beaucoup d’œuvres issues du digital world, conçues par des IA, il ne s’en dégageait qu’un ennui profond.”

Finalement, il y a un côté très poétique et plein de sensibilité à ce roman, qui m’a beaucoup plu. J’ai beaucoup apprécié les inspirations japonaises, même si je ne suis pas très familière avec la culture ni l’histoire japonaise donc j’ai peut-être raté quelques références. C’est un roman de SF avec une ambiance particulière, poétique, parfois un peu onirique, c’est vraiment très agréable.

Autres avis : le nocher des livres Armance sur instagram

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