Chronique

[Chronique] Cimqa, Auriane Velten

Cimqa est le 2e roman d’Auriane Velten, après le très bon After®, qui a reçu le prix Utopiales 2021. Autant dire que quand j’ai vu l’annonce de Cimqa, j’avais hâte de le découvrir, et je n’ai pas été déçue. Je remercie les éditions Mnémos de m’avoir envoyé le SP.

Sarah, jeune fille de 8 ans, et sa mère Megan (un perso avec mon prénom tiens ! mais pas la même orthographe :p) se réveillent un matin avec un sens de l’équilibre complètement en vrac, et un rétrécissement de la vision. Ce phénomène, nommé le repli, concerne en réalité la terre entière, et marque le début de curieuses hallucinations collectives. Hallucinations ? pas vraiment :  l’imaginaire prend vie. Littéralement.  Au fil des pages, Sarah, déjà capable de créer des créatures chimères incroyables, découvre qu’elle a un talent particulier pour maîtriser le repli. Fée clochette, lutins et corbeau-dragon l’accompagnent ainsi dans sa nouvelle vie depuis le repli. 

En parallèle, Sara, la cinquantaine, est technicienne Cimqa, elle crée des décors, des pubs, des spectacles avec comme substrat.. son imagination. Rien que ça. Sara est une artiste passionnée, de ceux qui peuvent rester des heures entières à créer, sans même penser à manger (heureusement, sa compagne est là pour le lui rappeler). Elle s’inspire à un moment de la chaussée des géants en Irlande, un endroit que je rêve de voir en vrai ! C’est tout bête, mais plein de petites choses dans l’imaginaire et les créations de Sara m’ont touchée et fait rêver. Elle fait cependant des rêves étranges, qui semblent si vrais qu’ils la tourmentent. 

Le texte est construit en alternant entre les 2 points de vue, et laisse libre pendant un bon moment d’imaginer le lien qu’il pourrait potentiellement y avoir entre ces 2 Sara.h.

Pour ce qui est de mon avis, j’ai vraiment adoré cette lecture. Tout d’abord, le principe de la cimqa est fascinant, et merveilleusement exploité par l’autrice. Ensuite, les personnages sont infiniment touchants, on se retrouve un peu dans chacune des 2 Sara.h. J’ai adoré voir le point de vue de la petite Sarah, le côté naïf de sa vision, toute heureuse de voir en vrai sirènes et fée clochette, sans se douter que ce n’est pas normal. J’en ai eu envie, de voir devant mes yeux les créatures qu’elle imagine. 

L’histoire de Sara, avec ses difficultés “d’adulte”,  est aussi poignante, et fait un bel écho, je pense, à ce que certains artistes (et auteur.ices probablement…) peuvent parfois ressentir. Elle rêve de créer sans limite à l’aide de la Cimqa, mais se voit sans cesse bridée car elle doit suivre le résultat des projections, ces statistiques qui prédisent ce qui va plaire au public. La cimqa n’est pas juste un hobby, juste un plaisir, elle a besoin de s’exprimer par ce biais. Mais c’est aussi finalement une source de frustration, d’anxiété grandissante et de mal être tant elle est limitée dans ses actions. L’imaginaire n’est plus si libre, mais un business.

J’ai trouvé ça sympathique de l’illustrer autour de quelques œuvres affichées sur mon bureau : Chane, Coliandre, Clémence Dupont ou encore Lidenshield Arts m’entourent pour mes séances peintures et dessin

Il y a plein de détails, de petites anecdotes qui m’ont parlé et qui participent à rendre les personnages vrais, humains, touchants. L’imagination et la beauté de la création sont les thèmes au cœur du récit; c’est beau et ça fonctionne merveilleusement bien. 

« Sara en ressort avec un seul livre, un recueil de poèmes de Dylan Tjomad, d’occasion, magnifiquement écorné par l’usage « 

Le roman n’est pas un texte d’action ou d’aventure, sachez le avant de le lire, question de ne pas être déçu de ce point de vue. Cependant, on ne s’ennuie pas, jamais. Je l’ai dévoré sans voir le temps passer.  Il s’agit plutôt d’une histoire qui évolue doucement, parfois contemplative dans le sens où on s’émerveille des créations des Sara.h. Le texte possède une ambiance particulière et très plaisante, portée par une plume immersive et douce. 

En conclusion, pour moi c’est une grande réussite. J’ai aimé les thématiques abordées comme la plume et l’ambiance. J’ai été très facilement transportée dans l’univers d’Auriane Velten, et j’ai refermé le livre en souhaitant très fort, moi aussi, me laisser la liberté de créer. 

Autres avis : syndrome quickson

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