Challenge de l'imaginaire, Chronique

[Chronique] Sous l’ombre des étoiles, Thomas Geha

C’est avec grand plaisir que je vous présente ma première lecture post imaginales 2021

Je suis revenue avec une pile de livres tout à fait grotesque et j’ai choisi de commencer par ce petit livre au format poche édité dans la collection Helios des Moutons électriques : l’ombre des étoiles de Thomas Geha. 

C’est le second ouvrage que je lis de cet auteur. J’avais craqué par hasard sur son recueil Chuchoteurs de dragons aux dernières imaginales, sans trop savoir à quoi m’attendre, charmée par son titre et sa jolie couverture. Ayant beaucoup apprécié la balade à la découverte de ces différentes nouvelles, je m’étais donc promis de lire davantage de la plume de Thomas Geha (allias Xavier Dollo).

En faisant le tour de sa bibliographie j’ai notamment remarqué l’ombre des étoiles, dont le résumé me plaisait beaucoup.

De kwa on cause 

Kee Carson, originaire de la planète Valtor, était tireur d’élite sur le vaisseau le templiers qui affrontait dans une longue guerre le peuple des Salamandres, des humanoïdes aux allures de reptile qui muent chaque année dans l’eau. Lors de l’attaque, son vaisseau s’échoue sur une planète nommée Seinbeck, sur laquelle il se réveille pas moins de 200 ans plus tard dans une capsule qui l’a maintenu en vie. Il est recueilli par la tribu de l’espace, un petit groupe de gens guidé par Mari-ou (un nom composé qui vient du fait que chaque membre de la tribu à un nom auquel est accolé une syllabe qui provient de sa tribu originelle, une façon de se souvenir de l’ascendant biologique de chacun). Cependant, son intégration au sein de la tribu est difficile, car se trouve parmi eux un être pour qui il ressent une haine implacable : un salamandre nommé Sirval.

Le roman relate la lente évolution de Kee au sein de la tribu, à mesure qu’il s’imprègne du mode de vie et des mœurs de la tribu et accepte de mettre le passé de côté. Cette transition est marquée notamment par les événements des tribusades, une réunion de toutes les tribus. Enfin, il se sent comme un membre des tribus, un habitant de Seinbeck,et se joint à Faki-stel, une jeune femme d’une autre tribu. Néanmoins, si salamandre et hommes sont enfin alliés, la paisible vie des tribus est aussi marquée de risques et des conflits, puisqu’elles sont attaquées régulièrement par les habitants originaires de la planète. Ces derniers voient d’un mauvais œil la présence de ces peuples et les traquent continuellement, les forçant à maintenir un nombre peu élevé, à se séparer en petit groupe, et à vivre de manière nomade en se déplaçant sans fin.

Une planète fascinante, De beaux thèmes et de beaux personnages… 

Je retiens plusieurs belles choses de cette lecture. Premièrement, le monde de Seinbeck est fascinant. Les détails sur la planète sont distillés avec talent au fil des pages, et j’ai y trouvé une faune et une flore originales, avec beaucoup d’idées qui font rêver.

“La tribu appelle ces fleurs des Filantes; quand les pétales se désagrègent dans les rafales, leurs trainées lumineuses font penser à ces météores qui se frottent à l’atmosphère et que la nuit exalte.”

Ensuite, les personnages et les relations qu’ils entretiennent entre eux sont clairement au cœur du récit et participent grandement à la qualité de ce texte. Kee est bien sûr le personnage central, et il est plaisant de voir son évolution à mesure que le récit avance, notamment dans ses échanges et sa relation avec Sirval.

Les personnages sont intéressants et bien travaillés, tous sont très attachants. En tant que lecteur, on s’étonne à ressentir de l’attachement même pour des personnages assez peu présents et peu décrits, comme si l’amitié de Kee pour eux se propageait et ruisselait à travers les lignes du livre. 

Je suis surprise que tout cela soit si efficace vu la taille du roman. C’est mené de main de maître, avec beaucoup d’adresse, de finesse et de sensibilité.

La tolérance, l’acceptation des peuples et des différences font partie des thèmes distillés dans le récit. Il nous rappelle combien le genre humain peut parfois se montrer lâche et égoïste,  combien nous pouvons mépriser des peuples entiers exclus pour leur différence. C’est un texte qui fait réfléchir sur notre relation aux autres et notre humanité. Un objectif et un thème finalement assez simple, mais superbement amené.

Sur Valtor, parfois s’installaient des espèces non-humaines. Il se souvient des Jaunes de Mandara, par exemple, qui appréciaient la qualité des océans de sa planète. Ils avaient fondé une colonie sous-marine qui n’avait tenu que cinquante ans. Les Valtoriens avaient tout mis en œuvre pour les chasser ou leur rendre la vie difficile. Pourtant, il n’y avait pas plus pacifique et pacifistes que les Jaunes de Mandara.

Dans la seconde partie, le ton est assez différent, et inclut des lettres écrites de la main de Kee. Je ne peux en dire trop pour éviter de spoiler, mais j’ai apprécié cette façon de faire, qui, à nouveau, nous fait clairement partager les sentiments de Kee.

Le mot de la fin…

En conclusion, j’ai trouvé le roman très immersif. Je me suis plongée dedans avec beaucoup de plaisir et avais du mal à refermer les pages (mais je lis surtout dans le train, donc pas le choix à part celui de rater mon arrêt !)

Ce roman est tout à fait une réussite, je vous le recommande donc chaudement ! Pour ma part, j’ai plusieurs autres livres de l’auteur qui m’attendent, nous en reparlerons donc sûrement ici ! 

Autres chroniques : Le syndrome QuicksonAu pays des caves trolls Lorkhan Lune – …

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