Challenge de l'imaginaire, Chronique

[Chronique] Morwenna, Jo Walton

Morwenna, ou le livre qui a fait du mal à ma Pile à lire…

Tout a commencé l’an dernier, quand j’ai vu cette jolie couverture d’un livre de Jo Walton, une autrice qui m’était alors inconnue. Ce livre, c’était les griffes et les crocs, que j’ai simplement dévoré. Suite à cette plaisante lecture, j’ai bien sûr continué à découvrir la bibliographie de l’autrice en achetant notamment Morwenna. Là encore, coup de cœur pour ce roman.

Jo Walton conte avec talent le récit de la jeune Morwenna, qui signifie vague déferlante, passionnée de livres et de lectures de l’imaginaire. Sa vie a pris un tournant tragique lorsqu’elle a perdu sa sœur jumelle et a été recueillie par son père, qui était absent durant toute son enfance. Elle en sort meurtrie, de cœur comme de corps, avec une douleur dans la jambe qui la quitte rarement.

Ce récit très lent se présente sous la forme d’entrées du journal de Mor. Elle y écrit sur sa nouvelle vie, sa nouvelle école pleine de règles étranges, sur les équipes de l’école qui rivalisent pour marquer des points et gagner la coupe de l’école, sur la relation avec son père qu’elle va apprendre à connaître, sur ses questionnements autour de l’entrée dans l’adolescence et surtout : sur ses lectures. Sa passion pour la lecture l’amène d’ailleurs à sympathiser avec la bibliothécaire de l’école, qui lui fera découvrir un club de lecture où elle se fera de nouveaux amis avec qui elle pourra partager cette passion. 

Mais la vie de Mor est aussi teintée de magie et de fées, inspirées du folklore gallois. Elle évolue dans le monde en pensant constamment à ses mondes imaginaires favoris, ceux de Tolkien ou d’Ursula le Guin, et y emprunte des choses dès qu’elle le peut, en surnommant par exemple les fées selon les noms des personnages de Tolkien. Mor côtoyait souvent les fées dans son pays gallois, mais celles-ci semblent curieusement plus timides dans l’Angleterre de sa nouvelle demeure. Sa mère, personnage très énigmatique, possède également des pouvoirs magiques et une aura profondément sombre.

Finalement, il n’y a pas réellement de grosse intrigue dans ce livre, mais curieusement cela ne m’a pas empêché de bien accrocher et de prendre beaucoup de plaisir à cette lecture qui s’est avérée plutôt addictive. Certains lecteurs pourraient reprocher à cet ouvrage son côté listing de lecture, mais cela ne m’a pas ennuyé. Au contraire, cela a plutôt contribué à faire gonfler ma wishlist et m’a donné envie de découvrir des auteurs classiques que je n’ai pas encore lu, comme Roger Zelazny qui est souvent cité. 

Dans le périple de Mor se glisse un aspect surnaturel qui se lie doucement au récit. Sans cela, le journal de Mor pourrait ressembler à celui d’une jeune fille plutôt ordinaire, qui s’inquiète pour l’école et ses relations avec ses amis. Le lecteur a affaire ici à une fantasy très soft. Mais les aspects surnaturels donnent une ambiance très agréable au roman et amènent beaucoup de charme. J’ai beaucoup aimé la poésie qui émane de certains passages, comme lors de la nuit d’halloween où les fantômes reviennent et sont guidés de l’autre côté par Mor, qui marque leur chemin par des feuilles d’arbres, sous le conseil des fées. 

Un aspect important de cet ouvrage réside également dans la douleur de Mor face à la perte de sa sœur, qui se reflète régulièrement dans ses écrits. Comment se reconstruire après cette perte, comment évoluer dans une vie où tout a changé? C’est un récit qui apporte une grande empathie vis-à- vis de Morwenna, et qui fait vivre l’espoir. Dans ce contexte, les livres ne constituent pas juste un hobby pour la jeune fille, mais sont au coeur de sa reconstruction : ils seront un terrain commun pour entamer la discussion avec son père et commencer à le connaître, l’amèneront à sympathiser avec la bibliothécaire de l’école, et surtout à rejoindre le club de lecture où elle se fera de nouveaux amis qui la comprennent et à qui elle pourra enfin se confier. 

En conclusion, c’est un livre original au rythme plutôt lent, dont la lecture était très plaisante. On y retrouve une fantasy toute douce qui colore le récit de Morwenna et de son évolution vers l’adolescence. C’est un livre plein d’émotions, qui constitue un bel hommage à la littérature de l’imaginaire.

Le petit plus : si vous souhaitez découvrir les différents ouvrages cités dans ce livre, ils sont listés sur le blog de la prophétie des ânes à la fin de ce post, selon la liste de Lorhkan (je n’ai pas retrouvé le post original de la liste, je m’en excuse).

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